Cher Goswami, j’ai lu votre article sur Comprendre la Mort selon la Philosophie du Yoga et l’ai trouvé très intéressant. Ma question est : “Y a-t-il un lien entre vie terrestre et après-vie ? Comment sait-on que ce qu’on voit de l’autre côté est vrai et réel?”
Vers la fin des années 30, lorsque ma conscience a pour la première fois pénétré dans les plans intérieurs (l’astral), je me suis posé la même question : Mon mental était-il seulement en train de faire l’expérience d’hallucinations intéressantes ou y avait-il là une vérité plus profonde ?
Mes doutes provenaient de la croyance des religions occidentales que l’on ne peut pas pénétrer dans l’après-vie tant que l’on ne soit pas mort. J’ai failli alors arrêter mon exploration de cet espace intérieur. Cependant, j’ai réalisé que ces états de conscience plus profonds étaient tout à fait organisés, ordonnés et qu’on pouvait y déceler un schéma spécifique.
Donc j’ai donc poursuivi mon exploration et j’en suis venu à réaliser que nos pensées et nos croyances sont des forces qui limitent ce que nous pouvons percevoir et voir. Ainsi, avec la pratique renouvelée du yoga, mon mental est devenu paisible et cela m’a permis d’entrer dans des espaces plus profonds où j’ai gagné en compréhension.
En effet il m’est bien vite devenu clair que les émotions lourdes étaient des forces qui bloquaient l’accès à une conscience plus claire et plus profonde. Encore une fois, à travers le yoga, je pus adoucir et supprimer ces états émotionnels et mon mental devint capable de s’expanser vers des royaumes plus élevés et de collecter des informations subtiles de et sur l’après-vie.
Ainsi, je fus convaincu que les êtres humains étaient capables de pénétrer dans l’après-vie et de collecter des informations vérifiables, ce qui était “vrai et réel” pour utiliser vos propres mots. Autrement dit, je suis convaincu d’être maintenant réveillé ; cependant, à tout moment, il est possible que je me réveille et que je réalise que j’étais en train de rêver. Jusqu’à ce que cela arrive, je fais l’hypothèse que je suis réveillé et je continue à avancer. En mysticisme, il n’y a pas de différence entre l’état de veille et l’état de sommeil ou entre la vie terrestre et la dite “après-vie”.
Mon mental comprit que si ces états de conscience étaient dans le monde astral, alors le futur y serait aussi. Par exemple, si je devais aller dans l’astral pour trouver le flux de pensées du futur (potentiel) de quelqu’un, alors j’aurais accès à des évènements spécifiques de son futur. J’ai essayé cela avec un certain nombre de personnes et identifié des expériences spécifiques qu’elles seraient susceptibles d’avoir dans cette incarnation.
Des années plus tard, ce que j’avais vu et mémorisé s’est manifesté. Cette vérification a nourri ma certitude de la capacité de l’être humain à acquérir une conscience du monde astral aussi bien que d’un monde non physique. J’ai utilisé le terme futur “potentiel” car mystiquement parlant, connaître le futur vous donne le pouvoir de changer ce futur.
Plus tard, j’ai rencontré des âmes désincarnées qui m’ont parlé de leurs enfants et de ce qui allait arriver à leurs enfants. Des années plus tard, ces évènements se sont manifestés exactement de la façon dont les parents avaient dit que cela se passerait. Cette preuve confirma absolument l’existence de l’après-vie, son lien à la vie terrestre humaine et celui de la vie terrestre à l’après-vie. Ce sont ces expériences qui ont supprimé de mon mental tout doute que les humains étaient capables de voir dans l’après vie.
Le Yoga précise que toute action laisse une empreinte d’habitude ou humeur subconsciente (appelées samskaras ) sur le mental astral subtil. Ces empreintes se rassemblent pour former des vasanas, qui sont des traits et tendances latentes et subliminales que nous laissons derrière nous lorsque que nous exerçons un désir.
Tôt ou tard, ces vasanas se manifestent comme un événement donné que l’on connaît sous le nom d’action karmique ou événement karmique.
Le mental est comme un champ et toutes actions, physiques, verbales ou mentales, sèment des graines dans ce champ. Les actions positives sèment des graines de positivité future. Les actions négatives, des graines de négativité future. Ces graines restent dormantes jusqu’à ce que se manifestent les circonstances nécessaires pour leur germination. Certaines graines se manifestent dans cette vie, d’autres, dans des incarnations futures.
Les graines karmiques
Les graines karmiques qui germent lorsque notre corps physique meurt sont significatives parce qu’elles tendent à déterminer le type de renaissance que nous allons avoir dans l’astral aussi bien que dans des incarnations futures sur le plan terrestre.
Notre état mental au moment de la mort de notre corps physique détermine quelles graines karmiques vont germer. L’état mental à ce moment-là est révélé, symboliquement et effectivement, par l’état du mental que nous avons lorsque nous nous endormons la nuit et lorsque nous nous réveillons le matin. L’agitation, les cauchemars, la confusion et l’oubli proviennent d’un mental non paisible. Ainsi la ‘petite mort’, l’état de sommeil, révèle-t-elle les évènements attendus du grand sommeil. C’est l’une des raisons pour lesquelles le yoga insiste sur la pratique du contentement et de la paix.
Si le mental est paisible au moment de la mort du corps physique, il y aura une maturation accélérée des graines karmiques positives, ainsi des expériences positives se manifesteront dans l’astral et pendant la réincarnation. Si le mental est émotionnel à ce moment là, il y aura une maturation accélérée des graines karmiques négatives, ainsi des expériences négatives se manifesteront dans l’astral et pendant la réincarnation sur Terre.
L’état de sommeil
La corrélation entre l’endormissement et la mort du corps physique n’est pas accidentelle ni symbolique. Elle est factuelle parce que le processus du sommeil, du rêve et du réveil sont des reproductions microcosmiques d’un schéma macrocosmique de la mort, du processus de mort et de renaissance du corps physique. Lorsque l’on s’endort, l’Energie de Vie (Prana) se retire du corps physique et du cerveau et se transfère momentanément dans le corps et le mental astral.
Endormie, une personne ressemble à un mort. Lorsque l’on commence à se réveiller, l’énergie se retire du corps astral et revient au corps physique qui est revivifié. Gardez à l’esprit que la direction du flux vital va du subtil au dense, du monde intérieur au monde extérieur, des mondes supérieurs aux mondes inférieurs.
Dans ce processus, la personne traverse les niveaux de l’état astral, incluant les niveaux des rêves, et retourne automatiquement à son corps physique. Automatiquement, la mémoire et le contrôle mental sont restaurés au cerveau et au corps physique. Lorsque cela se produit, la mémoire du monde de rêve s’évanouit.
A une exception critique près, exactement le même processus se déroule lorsque notre corps physique meurt. Avec la mort du corps physique, la corde d’argent qui connecte le corps physique avec le corps astral se brise et ainsi, nous ne pouvons retourner dans notre corps physique à travers ce tunnel.
Pendant le processus de sommeil, du rêve et du réveil, la corde d’argent qui relie notre corps astral à notre corps physique ne se brise pas. Ainsi, nous pouvons retourner à travers ce tunnel dans notre complexe corps/mental. La corde d’argent connecte Ajna chakra (le Centre Solaire), de couleur or et situé entre les sourcils du corps physique à Chandra chakra (le Centre Lunaire), de couleur argent et situé à la base du crâne du corps astral.
L’état de rêve
De même que lorsqu’on traverse l’état de rêve, l’on revient automatiquement au monde physique quand on s’est assez reposé, les fonctions mentales sont automatiquement restaurées, de même que lorsque le mental se réveille quand on s’est assez reposé, que l’on a collecté et condensé les expériences de l’incarnation et reçu la guidance du monde astral, l’on se réveille automatiquement dans une nouvelle incarnation avec la mémoire des samskaras terrestres antérieurs modifiés positivement par les nouveaux samskaras astraux.
Lorsque l’on se réveille de la mort du corps physique, le monde astral s’efface et l’on perçoit à nouveau le monde physique. Oui, le monde astral s’efface à moins que l’on n’ait appris à rester éveillé dans l’état de sommeil et de rêve. Encore une fois, c’est l’une des raisons majeures pour lesquelles le yoga insiste sur la méditation et la conscience des états intérieurs, incluant l’état de rêve.
Les mystiques s’intéressent aux images cosmologiques qui se manifestent au-delà et en dehors de l’état de rêve. Cela amène le concept de la vision de Dieu dans le mysticisme. Étymologiquement le mot mysticisme vient du mot grec myein signifiant fermer les yeux. Ainsi, le terme mysticisme a la connotation de se tourner vers l’intérieur et vers le haut, atteignant ainsi un état méditatif.
Dans ce processus, on retire le ‘soi’ du monde extérieur et à travers une intériorisation on se tourne et on s’élève vers le haut, en transcendant le mental et en entrant dans la conscience collective et les Mémoires Akashiques de l’humanité. En yoga, ce processus est connu comme le Kriya-Shiva Yoga.
Le mysticisme est en relation avec ce qui transcende la vie humaine quotidienne. C’est un art et une science où l’on recherche le Divin dans la vie, ici et maintenant, de même que dans l’après-vie. L’on cherche à trouver le Divin dans tous les êtres, ce qui est possible lorsqu’on réalise que la vie est homogène.
Dans une vision, le mystique suisse Nicholas Von Flue vit Dieu qui lui apparaissait avec Ses yeux, oreilles et bouche scellés avec des pointes de flèches. Cette image reflète une technique utilisée par les mystiques, qui est de sceller fermement les sens principaux avec les doigts pour que toute manifestation ou expérience soit le résultat d’un travail intérieur du mental et non un stimulus des organes des sens physiques ou subtils. En yoga, cette technique s’appelle yoni mudra. Le résultat de cette intériorisation est la réalisation que toute vie est homogène : “En haut comme en bas ; à l’intérieur comme à l’extérieur”.
La vision de Nicholas Von Flue contient une révélation plus profonde. Ce sont en fait les organes des sens de Dieu qui sont percés et scellés, ce qui signifie que la capacité à méditer se projette et évolue à partir d’un centre intérieur et divin (chakra) qui existe dans le corps de résurrection, le corps astral ou corps de Lumière.
C’est là qu’il y a conflit entre mysticisme et religion parce que les mystiques réalisent que le symbole de Dieu se manifeste de leur âme intérieure et est un reflet des racines de leur être. Ce symbole a dévié radicalement de la personnification statique et fixe de Dieu déclarée dogmatiquement. Ainsi naquirent des conflits graves entre les mystiques et le dogme de l’église quant à la théologie et la nature de Dieu.
Les mystiques ne se tournent pas vers les textes pour trouver une signification divine, mais plutôt vers leur expérience mystique propre et personnelle du Divin en utilisant les outils du détachement, de l’intériorisation et de la méditation. Ce faisant, le mystique ne fait pas l’expérience d’un Dieu théologique mais celle d’une matérialisation individuelle de Dieu. C’est l’expérience du Divin qui lie le mystique à ses propres racines divines et qui donne une signification plus élevée et plus libre à la Vie, et donc à sa propre vie.
La plupart des prêtres, rabbins, pasteurs et swamis n’ont pas cette expérience personnelle et donc doivent substituer l’expérience divine directe par des dogmes autorisés d’une église qui sont le plus souvent protégés avec un zèle fanatique. Ces âmes ne ferment pas les yeux mais doivent les garder ouverts afin d’être capables de lire. Ainsi sont-elles préoccupées par des expériences extérieures qui ne peuvent jamais être mystiques ou divines.
Le mysticisme apparaît dans toutes les religions. Il forme un contrepoids intérieur aux membres extérieurs du clergé qui se préoccupent de ce qui est l’interprétation correcte et officielle des textes sacrés. Les mystiques chrétiens furent réduits au silence en étant renvoyés dans l’astral par les moyens habituels.
Cependant, un groupe de mystiques trouva le moyen de contourner cette réduction au silence par l’église. Ce furent les alchimistes qui utilisèrent un symbolisme plus profond pour transmettre leurs Enseignements. L’un d’eux était Paracelse (1493-1541) qui chercha le ‘Deus abscon ditus’, la Divinité cachée en chacun de nous. Ce fut l’une des raisons-clés pour lesquelles Carl Jung s’intéressa et s’impliqua tant dans l’alchimie.
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— Goswami Kriyananda in Le Voyage de l’Âme sur le Chemin Onirique Subtil