Sutra IV.9 : À cause de la mémoire des désirs passés, il y a une continuité ininterrompue de karma et d’événements, même s’il peut y avoir des différences en état de vie, temps et/ou lieu.
La fondation des désirs : Les Samskaras, ou impressions subtiles, causés par l’activité d’actions et d’attitudes de vies antérieures sont estampillés sur la substance mentale et placés dans les banques mémorielles du corps astral. Ici, mémoire ne veut pas dire simplement ‘mémoire consciente’, mais aussi mémoire inconsciente qui lient les impressions de vies antérieures aux réactions et actions de cette incarnation.
Ces Samskaras, ou images mentales inconscientes, se manifestent comme venant à la surface de la conscience. Ils s’accumulent de différentes actions, à des moments différents et dans des lieux différents. Ils se rassemblent, s’empaquettent et se lient à la mémoire de vies antérieures et aux expériences dans cette vie pour produire de puissantes impressions. Ces bottes de ‘cicatrices’ traversent des intervalles dans le temps, dans l’espace et dans le type de naissance.
Les Samskaras s’empaquettent ensemble pour produire un champ de forces unique, le plus souvent dominant la vie entière. Cela dépend plus de la durée du karma que de son intensité. A mesure que le Terrien mûrit, les impressions subconscientes supplantent le pouvoir de base du désir et accèdent au pouvoir de base de l’aspiration. Le désir tend à procréer dans les mondes physiques plus denses alors que l’aspiration a tendance à fructifier dans les mondes plus subtils.
Sutra IV.10 : Il n’y a pas de commencement aux désirs parce que les désirs sont éternels !
Les désirs sont sans commencement. Tous les désirs et toutes les pensées sont éternels. Tous les désirs et toutes les pensées sont incessants. Les impressions subtiles, les Samskaras, n’ont pas de commencement dans le temps. Ils sont sans commencement car le désir lui-même n’a pas de commencement. Dans la pensée indienne, la création et sa re-dissolution sont un cycle sans commencement ni fin. Donc, il n’y a pas d’acte primal. Désir et Karma ont toujours produit des prédispositions sans fin.
Toutes les séries d’impressions subtiles qui composent une histoire personnelle font partie du mécanisme qu’une âme utilise pour manifester la connaissance de Soi et finalement, la Libération. D’après Patanjali, il n’y a pas une première impression subtile d’où survinrent d’autres impressions.
Sutra IV.11 : Les désirs sont fondés sur un substrat mental désirant des objets et sont reliés à la cause à effet. En abandonnant le désir, les désirs pour des objets (denses ou subtils) disparaissent.
Ce Sutra est une suite du 4.10 qui déclare que les images mentales subtiles imprimées sur la mémoire s’encollent ensemble par l’impulsion de désirs semblables. Cette impulsion ressort d’un ‘désir émotionnel de récompense personnelle’. Avec le temps, elle fait en sorte que la satisfaction égotiste soit supportée par des objets et personnes extérieurs.
La question centrale est, “Comment bloquer le courant-de-désir ?” La réponse ne se situe pas tant dans l’arrêt du courant de désir que dans le changement de la direction de ce courant :
- D’abord on change le désir d’objets extérieurs pour le désir d’objets intérieurs.
- Puis on change le désir d’objets denses pour le désir d’objets subtils.
- Puis on change le désir d’objets subtils, intérieurs, pour un désir de Connaissance, puis de Sagesse et enfin d’Illumination.
Pour résumer :
- Les deux premiers stades consistent à tourner le facteur-désir vers l’intérieur et vers le haut – de l’extérieur à l’intérieur ; du dense au subtil.
- Le troisième stade consiste à désirer la connaissance plutôt que des objets.
- Le quatrième stade consiste à arrêter le courant du désir en utilisant ces énergies pour créer des corps et des univers plus subtils.
- Le cinquième stade consiste à se détacher. Le détachement permet au champ de forces énergétique de se retirer du désir, causant la mort du désir.
- Il y a un sixième stade. Avec le détachement vient l’Aperçu. Si une personne affamée réalise que sa nourriture a été empoisonnée par une potion fatale, il y aura un non-désir instantané pour cette nourriture. De la même façon, quand on réalise combien le désir est mortel et autodestructeur, on cesse instantanément d’en avoir envie.
- A mesure que ces six stades se manifestent, les impressions subtiles liées au mental fléchissent, se dissolvent et ne sont pas régénérées. Donc le besoin de se réincarner dans un corps psychique ou physique ne se manifeste pas.